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Chez Bruno Beudin, artiste peintre certes, ou plutôt artiste plasticien, l’espace sculptural est une muraille impénétrable mais à y regarder de plus près on y découvre, strates après strates, reliefs après dépressions, tout un univers de matériaux disparates, entremêlés, qui se chevauchent, fusionnent ou s’opposent, pauvres ou pauvrement naturels: sables de rivières, terres de jardins, galets cueillis aux plages, cendres, goudrons, mais aussi vieux plâtres, fers à béton, chiffons, draps et toile de jute, bois écorchés, tricots de cordages, ciment, enduits, pigments, colle, briques, fragments de placo, poussières en tous genres, argile, suie... comme un inventaire à la Jacques Prévert d’où surgissent des paysages improbables obligeant le spectateur à lire le monde...autrement.
Rien n’est « lisse » chez cet artiste quand le geste devient truelle, couteau, racloir, brosse...Travailleur de la matière brute, il jette, badigeonne, arrache, entaille, scie, perfore, griffe, colle, cloue, peint...
Ainsi s’élabore une œuvre informelle, une peinture sculpturale, une muraille, une architecture savante où les arbres titanesques nés de la fusion du minéral et du végétal - décor de théâtre-côtoient la fière statuaire des Ménines... où d’autres murs grisâtres faits de bric et de broc...briques de récupération percées de fenêtres noires se fragmentant sous le regard levé des femmes de Guernica...où l’emplâtre jeté à poignée, flaque blanchâtre, se figeant sur la peau de la toile outrageusement balafrée...où la diagonale rouge, comme un cri de sang balayant le mur des insurgés .
La muraille n’est jamais inerte car la lumière se joue des différentes matières qui la
composent, densité, texture, couleur... elle y approfondit ses ombres, dévoile ses puits de clartés transformant la moindre aspérité de silice en particule d’or.​

 

Texte de Claude Soloy, écrivain.

© 2018 Bruno BEUDIN. Créé avec Wix.com

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